L’Argus C-3

Jamais sans doute un appareil photographique n’a autant bien porté son surnom : « la brique » (« The Brick » dans son pays d’origine).

Plus carré que ça …

Un petit mot d’abord sur mes recherches au sujet de cet appareil : j’ai dû me disputer avec Google et Cie pour avoir des résultats qui me parlent d’un appareil photo argentique plutôt que de l’argus d’une Citroën !

Car ce petit bijou au design, heu … particulier (attribué à Gustave Fassin, un belge), nous vient du pays de l’Oncle Sam.

Mais commençons par le début.

Le premier nom d’Argus Cameras Incorporated fut International Radio Corporation. Née en 1931dans le Michigan (Ann Arbor) de la volonté d’un groupe d’hommes d’affaires de la région, elle fut une bouée d’oxygène pour l’emploi dans un pays touché de plein fouet par la grande dépression de 1929.

Dès la première année, 75 emplois furent créés pour fabriquer des radios en plastique moulé, moins chère que celles aux boitiers en bois de l’époque. Cette radio, appelée Kadette se vendit très bien grâce à son coût très abordable.

Dans cet état grand comme huit fois la Belgique, la production de radios est une activité saisonnière. L’automne et l’hiver sont propices aux ventes, pas le printemps ni l’été. Pour compléter le cycle des fabrications, il fut décidé de produire un appareil photo 35mm peu couteux mais qui devait être fiable. Pour mémoire, la Kodachrome venait de sortir et le public était friand de cette pellicule couleur nouvelle.

Ils reprennent la même recette : un appareil au corps en plastique moulé, le modèle A, qui sera produit en 1936 au prix fou pour l’époque de 12,5$. Il va sans dire qu’à ce prix-là, son succès fut immédiat : 30.000 pièces seront vendues en une semaine par Montgomery Ward (un gros distributeur).

La partie photo prit le pas sur celle de la radio devant un tel succès. L’entreprise vend d’ailleurs ses brevets radio et change de nom pour devenir International Research Corporation et ne garde que la production d’appareils photographiques dans ses activités.

Dès 1940, elle commence à produire aussi des équipements optiques pour le gouvernement américain, dans le cadre de contrats militaires et aussi pour diversifier sa production car le Japon livre des produits photographiques de qualité parfois moins chers qu’Argus.

Le 7 décembre 1941, c’est Pearl Arbor et le gouvernement américain commence à se mobiliser pour la guerre. International Research Corporation cesse ses activités civiles pour se consacrer à la production d’optique militaire et d’équipements radio pour les forces armées US et alliées. Grâce à des prêts gouvernementaux, l’entreprise s’agrandit plusieurs fois pour répondre à la demande de l’effort de guerre. En 1944, elle change encore de nom et devient Argus Incorporated.

Tous les efforts de l’entreprise seront récompensés par 5 prestigieux prix « Army Navy E Award ».

Tiens, au fait, pourquoi le nom « Argus » ? C’est un hommage à un dieu grec qui possédait 1000 yeux, détail utile quand on fabrique des appareils photo et du matériel optique.

Après avoir remboursé tous les prêts, au sortir de la seconde guerre mondiale, Argus reprend une production civile. Toujours attentif pour se positionner dans l’air du temps, Argus Inc consacre son activité à la fabrication d’appareil photographiques destinés aux amateurs. Ils sont dans le « milieu de gamme », là où d’autres entreprises ne s’aventurent pas. Ils développent encore la gamme des appareils et produisent maintenant des projecteurs de diapositives, qui deviendront aussi un produit phare de la marque.

Le nom de l’entreprise change encore en 1949 et devient Argus Cameras Inc.. A cette époque, ils sont les deuxièmes plus grands fabricants et distributeurs de matériel photographique aux USA, juste derrière Eastman-Kodak.

Pourtant, en 1957, Argus Cameras Inc. est rachetée par Sylvania. Elle poursuit toutefois ses activités sous le nom d’Argus.

En 1962, Sylvania revend Argus à Mansfield, un gros importateur de produits photographiques de Chicago.

Petit à petit, la fabrication des appareils a quitté Ann Arbor et en 1969, c’est la fin de toute production d’appareils photo. Reste que maintenant la marque Argus appartient à plusieurs entreprises qui importent des produits photographiques qu’elles étiquettent encore Argus.

Fondée pendant la Grande Dépression par des hommes d’affaires avisés, elle a employé, à son apogée, 1.300 travailleurs et elle occupait 2 pâtés de maisons de la 4e rue à Ann Arbor.

Alors, si le modèle A, lancé en 1936, a introduit Argus dans le monde photographique, c’est le modèle C3 qui sera le modèle le plus connu et le plus vendu.

Source : argusgc, le modèle A en plastique (bakélite) Photo Copyright Henrry Gambino

Pourtant, tant le modèle A, sorti à peine 4 ans après l’introduction par Kodak de sa pellicule en bobine industrielle, que le modèle C3 ont permis une progression des ventes du film 35mm qui a assis durablement ce standard. Certains auteurs émettent même l’hypothèse que si Argus n’avait pas utilisé ce type de film, le 35mm aura eu moins de succès.

Bref, le C3 apparait en 1939 comme une mise à niveau des modèles C (télémètre non couplé) et C2 (télémètre couplé sans synchro flash), eux-mêmes mise à niveau du modèle A initial : il propose un télémètre couplé et une synchro du flash intégré à l’appareil.

Le revêtement est parti (et je ne l’ai pas encore refait) et il manque une molette sur le devant (pas de vis en laiton). C’est un C3, produit de 1939 à 1957

Vendu à l’époque 25$, il s’agit de l’appareil photo le plus complet pour sa gamme de prix. Il va s’en dire que ce sera de nouveau un succès commercial et immédiat.

Sa conception simple, sa forme rudimentaire, comparable à une brique dotée d’une lentille, son prix très accessible font qu’il a survécu à tous ses concurrents mais aussi à tous les autres appareils produits par Argus même. Ce n’est qu’en 1966 et plus de deux millions d’exemplaires produits que le C3 quitte la gamme Argus.

Que proposait donc cet Argus C3 ?

The Brick (ou the Lunchbox pour le Japon qui ne manque pas d’humour) proposait donc un télémètre couplé et un flash synchronisé. Son ergonomie est discutable mais sa simplicité et sa robustesse sont légendaires.

Essentiellement construit en bakélite, entouré de pièces moulées en métal pour le devant et l’arrière, avec ses molettes devant et ses gros boutons, il inspirait confiance. Sa conception proposait un obturateur à diaphragme composé de 3 lames, intégré au boitier, ce qui permettait d’utiliser des objectifs interchangeables et simplifiait la construction.

Source : argusinfos, un éclaté qui montre le nombre restreint de pièces utiles

Comme sur les vieux Leica ou les anciens Fed et Zorki, le viseur est séparé de la fenêtre du télémètre. Celui-ci est cependant couplé à l’objectif par des engrenages placés à l’intérieur du boitier.

Vue sur les deux fenêtres à l’arrière : le viseur et le télémètre. Notez que la roue avec les Asa n’est qu’un pense-bête.

L’objectif d’origine est un triplet anastigmat Cintar de 50mm ouvrant à f3,5. Les lentilles sont sous traitées à Bausch & Lomb, ou Ilex et Graf Optical, qui a été racheté par Argus en 1939, avec une qualité variable malheureusement. Toutefois il est reconnu comme excellent par sa précision.

Sa mise au point est d’environ 90cm jusque l’infini. Comme pour le Leica, c’est un support à vis, mais pas du même diamètre. Pour le démonter, il faut dévisser l’engrenage entre l’objectif et le télémètre.

En effet, un peu comme sur les Contax ou les Kiev, on règle la distance (et le télémètre) en tournant la molette verticale sur le devant du boitier, qui actionne l’objectif.

Ici il manque la molette de liaison entre le réglage de la distance et l’objectif. Vous voyez les crans sur les diverses parties.

Il était possible de monter un téléobjectif de 100mm, un grand angle (35mm) en plus du 50mm d’origine. Un viseur Argus, avec cadres pour les trois focales et réglage de la parallaxe complétait la collection. Outre Argus, Fujitar et Soligor ont aussi fournis des objectifs compatibles avec le boitier. Pour de plus amples informations sur ce point particulier, je vous renvoie au site argusgc.org, où vous pourrez voir les différentes optiques recensées.

Les vitesses s’échelonnent de 1/10s à 1/300s. Le sélecteur de vitesse demande un peu d’habitude. Ainsi, il est fortement déconseillé de le faire tourner trop vite dans le sens horaire et surtout pas au delà du cran d’arrêt du sélecteur sous peine de tout casser.

On arme l’obturateur avec le levier situé sur le devant du boitier. Là aussi il faut faire attention à ne pas arrêter ou freiner le retour de ce levier sous peine de fausser l’exposition car le levier est directement relié aux pièces de l’obturateur.

L’avantage de cet obturateur est qu’il permet la synchronisation du flash à toutes les vitesses.

Le levier d’armement, qu’il faut pousser vers le bas pour armer.

Je pense ne pas avoir assez insisté sur le côté simple et pratique de la mécanique de cet appareil. Tout a été pensé pour être facile d’usage et pour le réparer sans trop d’outils sophistiqués. Autant les appareils allemands de l’époque (Voigtländer, Contax, Zeiss Ikon) étaient bien construits, cherchant presque la complexité mécanique, autant l’Argus est réaliste et pensé utile.

Puisque je m’attardais sur l’obturateur, prenons-le comme exemple de cette explication : chez les Allemands, l’obturateur est souvent une pièce achetée à une entreprise spécialisée dans la mécanique de précision (j’allais écrire d’horlogerie !), comme les Prontor, les Compur. Ils sont souvent logés dans un compartiment « étanche », rapporté sur l’appareil, miniaturisé autant que possible. Alors que sur l’Argus, il est immense, mécaniquement simple et robuste du fait des pièces de grande taille. Il sera dès lors facile à entretenir, sans outils spéciaux, et donnera l’assurance de déclencher à chaque coup, pour peu qu’on l’ait utilisé un temps soit peu (oui, même ici les graisses peuvent devenir poisseuses si on ne manipule pas l’appareil). Attention, l’obturateur est visible dès que l’on retire l’objectif. Ne pas y poser les doigts ou tout objet pouvant l’endommager.

Source : argusinfos, le mécanisme simple de l’obturateur

Un mot aussi sur le télémètre, couplé.

Le système n’est pas courant mais rappelle, me semble-t-il, un peu celui des Contax et Kiev, à savoir qu’on règle la distance avec une molette.

Ici la distance est indiquée sur cette molette, qui est placée autour de la première fenêtre du télémètre. La distance est exprimée en pieds (nous sommes aux USA), et commence à 3 pieds, soit environ 90cm jusque l’infini, avec un passage par 100 pieds (environ 30 mètres).

Mécaniquement, l’anneau entraine une came qui appuie directement sur le levier relié au miroir mobile du télémètre.

Les dents de la molette sont reliées à celles de l’objectif grâce à un engrenage amovible (perdu ici). Deux tiers de tours de la bague télémétrique fait tourner l’objectif d’un demi-tour. Autrement dit, on peut régler précisément la mise au point du télémètre et de l’objectif grâce à cette bague crantée.

La fenêtre, qui est à l’intérieur de l’anneau avec les distances, forme la partie supérieure de l’image, alors que la petite fenêtre teintée, celle au dessus de l’objectif, donne l’image dans les deux moitiés de l’image visible. En fait, pour faire le point de l’image, il faut faire « glisser » la partie supérieure de l’image vue par le télémètre sur la moitié vue par la fenêtre du télémètre. Ici il n’y a pas de télémètre à coïncidence ou à image divisée mais par glissement.

Le télémètre est légèrement teinté, en jaune sur cet exemplaire (mais il y eut aussi du bleu pour le modèle antérieur). Ça aide pour la mise au point car au début il n’y avait pas de couleur, ce qui rendait l’image réfléchie plus sombre que l’image directe. Encore une fois ici on ne peut pas réellement parler de « patch » comme sur les télémètres du style Leica, Contax, Canon, par exemple.

Notons encore que l’on peut régler le télémètre sans devoir démonter l’appareil, il suffit de dévisser la plaque ronde sur le dessus de l’appareil, qui cache deux vis, une pour l’ajustement vertical et l’autre pour l’horizontal.

Si vous voulez placer un film dans cette drôle de machine, il faudra ouvrir le ressort sur la tranche gauche pour libérer le dos monté sur charnière (costaude cette dernière). En principe, il suffit d’appuyer sur la plaque chromée sous le verrou et de tirer sur le ressort pour ouvrir. Heu … heureusement que j’ai toujours un petit canif Suisse sur moi et je vous le recommande si vous ne voulez pas y laisser vos ongles.

Une fois la porte ouverte, voici la chambre, avec sa bobine réceptrice, à gauche.

Rien de particulier pour monter la pellicule.

En fin de film, il faut pousser sur le bouton qui est juste derrière la roue du compteur de vue pour désengager l’avance et ensuite tourner dans le sens de la flèche la grosse molette sous l’appareil (celle qui n’a pas le filetage pour le trépied).

Le compteur de vue doit être mis à zéro manuellement. Il est en prise directe avec l’avancement, sauf si vous le débrayez avec le bouton derrière le compteur (appelé Film Catch par Argus). Autrement dit aussi, il n’y a pas de protection contre les doubles expositions, sauf à armer immédiatement après avoir pris sa photo et à avancer le film d’une image avec la grosse molette au dessus à gauche. Autre bizarrerie, il faut pousser sur ce fichu bouton après chaque photo pour que le compte incrémente une image : après avoir pris votre photo, vous avancez jusqu’à l’image suivante en maintenant enfoncé le levier du loquet du film et en tournant le bouton d’avance du film d’un quart de tour, puis en relâchant le loquet du film et en continuant à tourner le bouton jusqu’à ce qu’il s’arrête. On s’habitue … ou pas !

Le mode Bulb est activé en tournant le déclencheur de 90 degrés vers B.

Le déclencheur, qu’il faut tourner à 90° pour mettre en pause B.

Le compteur d’images au-dessus de l’appareil photo est doté d’un petit levier à côté, . Fondamentalement, il capture et arrête à la fois l’avancée du film et le compteur d’images après l’avancée de chaque image.

Le flash se monte sur la griffe porte accessoire, quand il y en a une. Sinon, il faut le monter sur une barre fixée dans le pas de vis du trépied. La synchronisation s’effectuer grâce à deux prises sur la tranche gauche de l’appareil. Pour rappel, la synchro se fait à toutes les vitesses. Mais il faut absolument que ce soit un flash Argus, un gros truc cylindrique qui fonctionne avec 2 piles C et qui utilise des ampoules de type Edison à viser, quoiqu’il existe un adaptateur pour pouvoir utiliser de ampoules #5 ou équivalentes de type à baïonnette. Le flash est muni d’un réflecteur amovible mais vivement conseillé.

Source : arguscg

La partie technique est terminée, passons à la partie subjective, celle qui répond à la question : que penser de cet appareil ?

Franchement, si je ne l’avais acquis de la collection qui a fait l’objet d’un article, je ne m’y serais pas attardé. Pour deux raisons : s’il est presque commun aux USA, il est plus rare chez nous et ensuite parce que je ne le trouvais pas … beau !

Maintenant que j’ai cet exemplaire en mains, je peux préciser ma pensée.

Non, définitivement, il n’est pas beau, mais il a ce petit quelque chose qui fait qu’on s’y attarde.

Au niveau de l’ergonomie, on a déjà fait (beaucoup) mieux, même à son époque. Il faut toutefois lui reconnaître une rusticité qui finalement fait sa force.

La simplicité de sa mécanique font que de nombreux appareils fonctionnent encore. Et comme cet appareil est archi-connu de l’autre côté de l’Atlantique, il y a une communauté d’utilisateurs très dynamiques qui fabriquent des tutoriels pour bien l’utiliser, le réparer, le remettre à neuf, l’embellir.

Il faut savoir aussi que cet appareil fut celui de nombreux GI’s pendant la seconde guerre mondiale – le comble c’est qu’il ne fut pas retenu par l’armée américaine, qui lui préféra le Kodak 35. Le célèbre soldat – photographe de guerre Tony Vaccaro le rendit encore plus célèbre sur le front européen.

Source : Mike Eckman. Cette photo des médecins du 2e Bataillon en décembre 1944 a été prise avec un Argus C3 par le photographe de guerre Tony Vaccaro.

Evidemment, de petits malins essaient de vendre très cher ces appareils ayant fait la guerre. Mais ils ne l’ont pas toute faite. Petite astuce pour s’y retrouver : le numéro de série. Pour les modèles d’avant guerre, il se trouve près de la bobine d’entrainement. Ensuite, il migrera sous la fenêtre de la chambre.

D’autres utilisateurs connus ont encore assis la réputation de l’Argus C3 : citons entre autres Duane Michals, Helen K. Garber et Jimmy Carter (dont l’exemplaire de C3 est exposé au musée homonyme).

Il est aussi apparu dans nombre de films, dont un Harry Potter (la Chambre des Secrets, 2002) et même dans un clip video de Tom Petty and the Heartbreakers (Into The Great Wide Open, 1991).

Vers la première minute du clip …

Si nous laissons de côté cette « starisation » de l’engin, il reste un bon vieux télémétrique pas dépourvus d’arguments. Assez pour que certains aient envie de l’essayer en tout cas.

Au niveau prix, un bel exemplaire, complet, se négocie en Europe autour des 60€. Le prix d’un certain exotisme en somme.

En tout cas, photographier avec un Argus C3 ne vous laissera pas passer inaperçu mais il vous permettra de sortir des sentiers archi rabattus.

Pour voir des photos prises avec cet appareil, c’est par LA ou ICI.

Quelques videos d’illsutration :

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI ou LA.

Des références : https://www.lomography.fr/magazine/98051-the-argus-c3-more-than-just-a-brick, https://www.usmilitariacollection.com/boutique/appareil-photo-us-argus-c3/, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=384, en français ; http://camera-wiki.org/wiki/Argus_C3, https://en.wikipedia.org/wiki/Argus_C3, https://mattsclassiccameras.com/rangefinders-compacts/argus-c3/, https://casualphotophile.com/2015/11/25/argus-c3-camera-review/, http://www.artdecocameras.com/cameras/argus/c3/, https://argusinfo.net/, https://aadl.org/node/204921, https://www.arguscg.org/, https://www.argusmuseum.org/, en anglais.

Vos commentaires sont les bienvenus, ils aident à faire avancer nos réflexions.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal