Non, le Smartphone ne sera jamais un appareil photo !

Non, le téléphone « intelligent » ne sera jamais un appareil photo, je persiste et signe !

Et pourtant, les marques souffrent de ce concurrent déloyal, certaines catégories d’appareils disparaissent à son vil profit, tels les compacts d’entrée ou de moyenne gamme, voire – selon la presse spécialisée, oiseau de mauvaise augure qui devrait « éduquer » le public plutôt que de laisser les marques de ces téléphones faire de la pub dans leurs pages – même les reflex.

J’ai utilisé des mots forts ? Et alors, ils sont à la hauteur de l’imposture qui risque de nous priver de vrais appareils photo.

– « Imposture, mais de quoi il parle là ? »

Mais de ces images léchées avec lesquelles on nous assomme à longueur de spots télévisés, d’écrans publicitaires au ciné, dans les magazines, les réseaux sociaux et qui sont des faux !

Ou plutôt, astuce marketing bien réglée, qui ne sont valables que si vous les regardez sur l’écran minuscule de votre téléphone dit intelligent.

Je vous explique ….

Conscient de l’indigence de leurs capteurs, les fabricants de ces appareils font appel à toutes les ficelles du marchand roublard pour vous vendre sa salade.

Comme par exemple convier de grands noms de l’optique pour vanter la qualité de leur objectif. Et Zeiss de se laisser convaincre par de gros chèques.

Comme par exemple bourrer d’intelligence artificielle le calculateur qui crée les images : bien apprise par des milliards de photos sans âme, collectées sur les grands réseaux pourvoyeurs de ce type d’image, elle sait détecter l’élément qu’il faut travestir pour vous donner l’illusion d’un rendu superbe, réduit toujours à la taille indigeste de l’écran.

Comme par exemple lesdits écrans, il est vrai, toujours de meilleure qualité qui n’ont pour seul but que de vous faire acheter les promesses marchandes de ces images car, de fait, pour téléphoner, voire même jouer ou regarder des videos de piètres qualités, un écran plus basique sera amplement suffisant.

Comme par exemple de vous vanter les millions de pixels qu’ils enfoncent dans un capteur qui doit bien avoir envie de vomir cette surcharge !

source : Fnac-« 

-« Eh, il y a quoi mon capteur, il te plait pas ? »

Bon, quelques explications me semblent nécessaires …

D’abord, convertissons les pouces en centimètres : depuis 1959, le pouce a été défini et internationalement reconnu comme étant égal à 25,4 mm (millimètres) tandis que le centimètre est une unité de longueur dans le système métrique, égale à un centième de mètre et 1cm équivaut à 0,39370 pouces. il faut donc appliquer la formule : cm = in /0.39370 pour obtenir la taille en centimètre – en l’occurrence ici en millimètre – de ces capteurs.

Bon, là je ne sais pas si vous rendez compte de l’effort car me faire parler de mathématiques dans ce blog dédié à la photo c’est presque surhumain, les math et moi sommes fâchés depuis très longtemps !

Bref, un capteur de 1/2,5″ (pouces) mesure donc +/- 5×5 mm (théorique parce que les capteurs sont rectangulaires).

Ou, autrement dit, c’est tout riquiqui !

Car, comme pour les capteurs des vrais appareils photo, ce qui compte, c’est la taille des photosites. Heu …et là, leur taille est exprimée en micromètres

-« Bon, c’est quoi un photosite ? »

Les photosites sont les cellules photoélectriques qui composent le capteur. Se sont des éléments qui transforment la lumière en courant électrique. Chaque photosite peut donc être vu comme un minuscule panneau solaire captant la lumière d’une couleur primaire (rouge, vert ou bleu) Et plus ils sont grands, mieux c’est.

source : Phoneandroid : vous voyez que plus le nombre de pixels augmente, plus la taille du photosite diminue

« Cela paraît logique : un grand panneau solaire capte plus de soleil qu’un petit, et donc fournit plus d’électricité. À quelques détails techniques près, ce phénomène se produit également sur les photosites. Il est évident que si l’on entasse 12 millions de photosites sur un capteur d’environ 4,5×6 mm (comme le Canon Ixus 110 IS), chaque photosite sera beaucoup plus petit que si on en met le même nombre sur un capteur de 15×23 mm (cas du Nikon D5000).

Schémas des photosites de capteurs courants ; la flèche indique la mesure du «pas», la distance entre photosites. De gauche à droite : reflex Pentax K20D, compacts Fuji F200EXR et Panasonic FX40. Notez la différence de taille des surfaces sensibles (colorées).

Un rapide calcul montre que les photosites du [Nikon] D5000 sont environ 12 fois plus gros que ceux de l’Ixus 110 IS.[Canon] Il s’agit là d’un cas extrême, la définition des reflex étant encore généralement légèrement supérieure à celle des compacts, mais de manière générale, un photosite de reflex amateur est donc 8 à 12 fois plus gros qu’un photosite de compact [….] ; s’il reçoit la même illumination, il va donc capter 8 à 12 fois plus de lumière, et donc fournir un courant plus puissant. » source Les Numériques

Alors, quand on vous dit que : « Par exemple, le capteur photo du Samsung Galaxy S7 propose des photosites de 1.4 μm, ce qui lui permet de capter beaucoup de lumière comme les Nexus 5X et 6P, qui ont des photosites de 1,55 μm, ils sont donc relativement larges et c’est d’ailleurs ce qui rend leur appareil photo aussi performant », on a presque envie de rire …. son capteur étant encore plus petit que celui d’un honnête compact.

Donc, grand capteur = courant plus puissant. Or ici nous sommes en présence de capteur minuscule, et dès lors le courant sera plus faible et on ne peut pas le mesurer avec précision. La solution est alors de l’amplifier, ce qui augmente les petites erreurs aléatoires qu’il transporte. Et, au final, on obtient des images «bruitées» — dans l’exemple ci-dessus, voyez comme l’image du bas est granuleuse. À l’inverse, un courant fort n’aura pas besoin d’être amplifié et pourra être mesuré plus efficacement ; le bruit sera nettement plus faible.

source : Les Numériques

Dites vous que si tant de monde cherche à développer un appareil plein-format, c’est parce qu’un grand capteur est intéressant à plusieurs points de vue :

  • d’abord, il permet de capturer plus de lumière qu’un capteur de plus petite taille, nous venons de le voir;
  • et capturer plus de lumière, c’est aussi mieux gérer les conditions de basse luminosité
  • la réduction des temps d’obturation offre aussi plus de stabilité et est donc gage de netteté « réelle »
  • ensuite la profondeur de champ (c’est cette possibilité de contrôler ce flou d’arrière plan, quand vous voulez isoler un élément fort de son contexte) est liée à la taille physique de l’image projetée sur le capteur. Or, pour remplir un capteur de 15 mm de hauteur, il est évident que cette image doit être trois fois plus grande que pour remplir un capteur de 5 mm de hauteur
  • enfin, la dynamique, c’est-à-dire la capacité à conserver des détails à la fois dans les ombres et dans les hautes lumières Les gros photosites d’un reflex peuvent capturer plus de lumière sans saturer. Ils sont donc capables d’accepter de plus grands écarts de luminosité, et de bien détailler tout à la fois, par exemple, une robe blanche et un costume noir côte à côte.

Les constructeurs d’appareils photo connaissent bien tous ces problèmes et ils peuvent les « améliorer » grâce à une électronique uniquement dédiée à cela (un appareil photo ne téléphone pas, ne va pas sur Internet, ne gère pas vos comptes bancaires, … il fait des photos !). Le meilleur exemple est l’excellence atteinte par les compacts dits « experts » (chez Canon, Olympus, Fuji… et chez Sony – au fait, c’est quasi eux qui fournissent tous les capteurs, de toutes les tailles.

Et du côté des smartphones ? Et bien pour (tenter) de répondre à ces défis, les constructeurs s’ingénient à multiplier, par exemple, les capteurs pour essayer à chaque fois de répondre à un cas de figure : il y a un capteur pour les grands angles, un pour les ultra grands angles, un autre pour le téléobjectif, encore un pour la macro et – allez – un p’tit dernier, qui ne prend pas de photos mais qui est un capteur de profondeur, un dernier artifice pour, je cite,  » … jouer un rôle complémentaire qui permet d’améliorer la qualité de vos images, surtout si vous êtes fan de l’effet Bokeh (effet de flou de l’arrière-plan).

Ben oui, votre capteur minusciule, il ne vous permet pas de faire de beaux flous d’arrière plan (cf. ci plus haut).… bientôt il faudra encore agrandir les appareils pour y ajouter un objectif 50mm, un flash, etc.

Avec votre compact de poche, vous avez tout ça dans un seul objectif (souvent du 28 au 100mm) et un seul capteur, performant !

Reste encore un autre problème, celui de l’ouverture de l’objectif : plus celle-ci est variable, plus vous pourrez vous affranchir des effets de lumière qui composent une journée. Un objectif de compact ouvre souvent à f2,8 jusque f 16 (voire 22).

Celui du smartphone essaie de rester autour des f1,5.

-« Mais c’est excellent, ça laisse entrer beaucoup de lumière ça ! »

Oui mon bon monsieur et quand il fait déjà très lumineux ? Il y a overdose de lumière, qu’il faut bien compenser par autre chose qu’un diaphragme qu’on ouvre ou ferme selon l’intensité lumineuse, la vitesse d’obturation désirée, la sensibilité Iso… et revoilou notre AI qui se déchaine.

Et donc, rebelote, les algorithmes se mettent en branle pour compenser tout ça, au prix de lissage de l’image, de bruit numérique, estompé en partie par la taille de la dalle sur laquelle vous regardez les « photos ».

Assez parlé technique, il reste de la coquille d’œuf à peler ….

-« Ouais mais mon téléphone, je l’ai toujours sur moi ! »

La belle affaire, un compact, j’en ai toujours un dans une poche et si je dois prendre une « bonne » photo, je le sors … avec la certitude de pouvoir « développer » ma photo pour qu’elle devienne excellente, reproduite si besoin et imprimée dans de bonnes conditions (jusqu’au 30 X 40 cm sans souci).

Parce qu’il y a encore un sujet que je n’ai pas abordé, celui de la conservation de vos images.

Avec un appareil photo, fut il compact, je le décharge sur mon PC, je range mes photos soigneusement selon la méthode qui me convient le mieux et je regarde les photos sur un écran décent, éventuellement je les imprime.

Alors que sur votre bidule dit intelligent, vous les stockez sur une micro SD, ou dans le cloud (quand vous y pensez) et vous « scrollez » comme un malade parmi les 10.000 autres pour me montrer LA photo qui va me transcender !

Ça, c’est quand tout va bien. Car on a tous connu quelqu’un qui a perdu son GMS (sans sauvegarde) et toute sa vie, une collègue qui a laissé tomber son téléphone dans les WC en se rhabillant, un distrait qui a marché sur le sien, tombé lors d’une contorsion sous l’évier bouché, etc.

Toujours pas convaincu ?

Faites un dernier test : prenez une photo avec votre téléphone à tout faire, transférez là sur votre PC (déjà, c’est pas toujours facile), ouvrez votre écran et regardez la en plein écran … ça fait peur n’est-ce pas ?

Bonjour les aplats de couleurs bizarres, les franges colorées, le bruit numérique dans les ombres, …

C’est ici que vous voyez les limites des artifices mis en place par les constructeurs pour vous faire croire que vos photos sont belles : les algorithmes de l’AI, les filtres appliqués, les effets de colorisation de l’écran, etc., tout ça n’efface pas les frontières que le (les) capteur minuscule n’est pas capable de dépasser de par sa conception réduite.

Si donc, réellement, vous voulez vous faire plaisir en photographiant le monde qui vous entoure, glissez un compact dans votre poche, même d’entrée de gamme, il sera plus efficace que le smartphone.

Car vous aurez pu vous acheter un téléphone « moins' » intelligent et tout aussi efficace pour ses fonctions de base (soit téléphoner, envoyer/recevoir un message, utiliser une application quelconque, user vos yeux sur un énième message d’un réseau social) et avec les économies réalisées, vous pourrez vous achetez un bon compact, il n’en manque pas.

Qui sait à voir vos photos s’améliorer vraiment, vous aurez peut-être envie d’aller plus loin dans la découverte de ce médium fabuleux qu’est la photo.

Mais surtout, vous contribuerez à ce que les constructeurs desdits appareils photo ne disparaissent pas, ni leur expertise, ni leurs savoirs.

Et là, je vous dis : merci.

Des références : https://www.android-dz.com/tout-comprendre-smartphones-plusieurs-capteurs/, https://www.phonandroid.com/capteurs-photos-smartphones-autofocus-exposition-tout-ce-que-vous-devez-savoir.html, https://www.lesnumeriques.com/appareil-photo-numerique/taille-capteurs-photo-a790.html

4 commentaires sur “Non, le Smartphone ne sera jamais un appareil photo !

  1. Salute Gian Pasquale, avant tout, je te souhaite une belle photoheureuse année 2021, ainsi qu’à tes fidèles lecteurs, excuses-moi mais tu es en retard d’une guerre, mais mon Magicphonne XXVII c’est le futur présent, étant donné que je le possède déjà, mon Magicphonne est non seulement producteur d’images, de vidéos, mais aussi il me sert d’aspirateur ( humour ON ) et que ton Canphone est largement en queue du peloton !!!! Comme d’habitude ton article et ta démonstration est grandiose, tu as raison à cent pour cent, au début de mes activités, lors de mes reportages de mariage, j’étais le photographe « officiel » de la cérémonie, il y avait un tonton ou une cousine qui dégainait son pocket 110 et tout se passait pour le mieux, vers la fin de ma carrière, j’étais entouré d’une vingtaine de photographes armés de leur NIphone ou Canphonne, qui mitraillaient dans tous les sens, et comme les petits malins de Fred, aimaient narguer et comparer leurs prises de vue avec celles du photographe « officiel ». Le petit malin sortira une « bonne photo » de ses sept cent clics et se ventera d’être un grand photographe !!! et là ça devenait lourd ! Ceci dit, une fois de plus bravo pour ta force de persuasion, et bravo pour tes articles qui enchantent les fidèles de ton blog. Amicalement Salvatore

    • Ciao Bello, tante grazie … oui, je crois que tous les photographes, pro ou amateurs affirmés, ont un jour vécu cette séance de fanfaronnade, qui s’arrêtait au moment où il fallait remettre des tirages de ces beaux moments ! Parce que là, tous les bidules dits intelligents avaient depuis longtemps posés leurs limites. Puisse cet article juste inciter ceux qui ont envie de s’exprimer par la photo de le faire dans de bonnes conditions, avec le matériel dédié à la pratique. Portes toi bien et mes amitiés à toute la famille

  2. Bonjour JP. C’est bien de remettre les choses à leur place. Les explications sont claires et percutantes. Malheureusement, le grand public n’entend pas ce genre d’appel. Il se fiche de la taille du capteur ou des photosites. C’est l’objet à tout faire et sa simplicité d’utilisation qui compte. Je le constate régulièrement dans mon travail. Il y toujours un petit malin, fier de posséder un Niphone ou un Samesoul, pour venir me narguer avec leur jouet et insister pour comparer la qualité de leurs images avec mon 5D. En tout cas bravo pour ton travail sur ce blog.

    • Merci Fred, tu sais ça soulage et puis, il reste le secret espoir de pouvoir toucher quelques personnes – il y en a encore qui savent réfléchir !
      A force de nous dire que tel truc sait tout faire, on en oublie qu’il ne s’agit alors que de compromis et donc de perte de qualité.
      Allez, c’est le début de l’année, restons positif.

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