Le Skylark Mansfield

Un petit appareil singulier que celui-ci. Déjà, j’ai dû batailler ferme pour faire baisser son prix, irréaliste, proposé par un vide-grenier qui, comme souvent, ne savait pas ce qu’il vendait mais le vendait … cher !

Nous étions sur une des dernières brocantes de l’année sans doute, à Forest, sous le soleil inhabituel de ce mois d’octobre 2023 (27°C à l’ombre et il y avait peu d’ombre).

Il n’est pas de toute jeunesse et il a un peu souffert mais j’aime bien sa « bouille » sympathique et, surtout, je n’en ai jamais vu auparavant.

J’ai donc deux noms indiqués sur l’appareil et un sigle stylisé : Mansfield sur la face avant, tout comme le sigle(un « M ») et Skylark sur le capot supérieur.

Premier indice déroutant, il est noté « made in Japan » sur la semelle.

Après quelques recherches sur la Grande Toile, il apparait que Mansfields soit américain et l’appareil lui est japonais.

  1. Un peu d’histoire.

J’explique : Mansfield Industries est une société qui était établie à Chicago. Elle distribuait des appareils photos sur lesquels elle re badgeait son nom, comme d’autres le faisaient (Revue en Allemagne, Hanimex en Australie, p. ex.). Cette activité s’est étendue de 1950 à la moitié des années soixante.

Voilà pour le côté américain du nom et du sigle.

Se seraient-ils inspiré de la Buick Skylark pour le nom, elle aussi sortie en 1961 ?

Buick Special, re nommée Skylark pour le haut de gamme, animée par un V8 compact

Ne nous égarons pas ! L’appareil est bien japonais, fabriqué par Yamato Optical Company sous le nom de Yamato Palmat Automatic. Lancé en 1961, c’est le seul appareil noté Skylark et Mansfield.

De fait, quatre appareils ont été baptisés Skylark par Mansfield : un appareil Argon qui était lui-même la version destinée à l’exportation du Windsor 35 produit par Toko Photographic Works (1957). Un télémétrique avec un objectif de 45mm ouvrant à f1,9 avec une pause B et des vitesses de 1s à 1/500s

Puis un Royal 35M, fabriqué par la Royal Camera Company, renommé Mansfield Skylark E, lui aussi de 1957. Toujours un télémétrique mais couplé, ici avec un objectif Tominar de 45mm ouvrant à f1,9 et des vitesses de 1s à 1/500S plus pause B et déjà une cellule au sélénium non couplée.

Ensuite, toujours la même année, un autre Royal, le 35P, devient le Skylark V. Ici c’est un « point and shot » très mince avec un objectif Cimenar de 45mm ouvrant à f1,9 et des vitesses de 1s à 1/300s avec pause B.

2. Présentation.

Enfin, en 1961, celui qui nous préoccupe, un Palmat Automatic légèrement modifié. C’est un « point and shot » avec un objectif Mantar ou Luminor Anastimag de 40mm qui semble ouvrir à f4 (mais certains auteurs pensent à un triplet ouvrant à f2,8), avec des vitesses de 1/10s à 1/200S et une pause B.

Mais sa particularité est de posséder une cellule au sélénium couplée (pas besoin de batterie donc). Toutefois, il perd le télémètre.

Seconde particularité (et je n’ai jamais vu ça ailleurs), sur le fut de l’objectif il y a 5 chiffres (de 2 à 6) et la lettre B gravés.

De fait, il faut se reporter au dos de l’appareil pour trouver un tableau qui reprend ces 5 chiffres en fonction de la vitesse du film que vous allez utiliser. Celle-ci est exprimée en ASA/DIN. Le chiffre retenu règle la sensibilité du posemètre.

Mais il y a encore un second réglage, situé en dessous de l’objectif, avec 3 lettres A – B – C et AUTO. En plein jour, positionné sur «Auto», l’ouverture est réglée automatiquement par un mécanisme d’aiguille piégée entraîné par le posemètre. C’est le principe utilisé par l’Olympus Trip 35 ou le Paxina Electromatic. Je vous renvoie aux références en bas d’article sur ce principe.

Il vous suffit alors de viser et déclencher, l’appareil règle l’ouverture. Si le signal vert apparait dans le viseur, c’est qu’il y a assez de lumière pour prendre la photo, sinon il faut monter un flash.

En cas d’utilisation dudit flash, il faut se reporter au guide noté dans le mode d’emploi et mettre le curseur sur « Auto » tandis que le guide sur le fut de l’objectif doit être positionné sur 2.

En fin de film, vous devrez appuyer sur le bouton de remise à zéro du compteur pour pouvoir rembobiner la pellicule dans sa bobine.

Le compteur et le bouton pour le rembobinage.

Le viseur, large et clair (il me fait penser aux viseurs des Voigtländer Vito) est seulement marqué d’un cadre lumineux, avec correction de la parallaxe pour les prises de vue rapprochées.

Un petit « mécanisme » ingénieux indique si la lumière est suffisante pour prendre la photo : un dispositif périscopique filtre en vert la lumière ambiante. Si celle-ci est suffisante pour activer le posemètre, elle apparaît dans le viseur telle une diode alors que ce n’est que la lumière réfléchie.

Le déclencheur, à droite en façade, est comme un curseur qu’il faut descendre pour actionner le déclenchement.

Pour charger l’appareil, il faut tourner une clé, en dessous (position L = lock ou O = open) et c’est tout le dos qui glisse vers le bas. La bobine réceptrice n’a qu’une « feuille » sertie dessus, dans laquelle il faut glisser l’amorce du film. Pas très rapide comme système (et je comprends la hantise de certains amateurs de l’époque dès lors).

Les rails dans lesquels coulissent le dos sont profonds, ce qui assure une bonne étanchéité à la lumière. Toute la chambre est floquée en noir, pour éviter tous rebonds de lumière éventuelle.

Petit détail, en dessous de l’appareil, deux ronds soudés (dont un contient le pas de vis pour trépieds) sur la semelle assurent que celui-ci tient bien « debout ».

3. Conclusion.

C’est un petit appareil qu’on assure bien en mains, malgré sa petite taille. Même si le déclencheur est à une place peu confortable (j’ai souvent tâtonné pour déclencher), c’est une petite machine à photographier qui semble avoir été bien pensée.

Il est assez rare et donc son prix aura tendance à prendre de la hauteur, surtout pour un exemplaire en très bon état. Le mien vaut 50€. Juste à vérifier que la cellule fonctionne toujours. Pour la protéger et sauvegarder son utilisation, pensez à glisser l’appareil dans une pochette.

Si vous en trouvez un, faites-vous plaisir, prenez-le, il en vaut la peine.

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Mansfield_Skylark, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-1382.html, https://pbase.com/cameras/mansfield/skylark en français; https://camerapedia.fandom.com/wiki/Mansfield_Skylark, https://collectiblend.com/Cameras/Mansfield/Skylark.html, http://tazmpictures.com/site/?p=3846, https://fr.wikipedia.org/wiki/Buick_Special, http://camera-wiki.org/wiki/Trapped_needle, en anglais.

2 commentaires sur “Le Skylark Mansfield

  1. Aux premiers abords, c’est du brutal !! Les Japonais avaient à cette époque une imagination débridée comme pour leurs voitures avant de revenir à la normalité souhaitée par la mondialisation.
    Merci pour vos trouvailles.

    • Bonjour Pascal, oui, c’était le temps béni où l’imagination primait sur le marketing. C’est vrai que c’est un petit appareil agréable et qui semble un peu « hors du temps » tout en restant tout à fait fonctionnel. Bien amicalement.

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