La minute philosophique de l’Atelier de JP

Ne dit on pas que les plus grands philosophe sont accoudés au zinc si cher à Jacques Prévert, alors, sans complexe, je vous livre quelques réflexions qui me titillent depuis quelques temps.

Notamment la perception que nos appareils ultra sophistiqués ont de notre vision du réel.

Si ça ce n’est pas une belle intro de thèse …

Lorsqu’un peintre figuratif veut représenter quelques champignons dans un sous bois, chaque pied, chaque chapeau, l’herbe, les feuilles mortes, etc. seront représentés par le geste précis et « délibéré » du peintre. Il n’y aura pas de hasard, chaque élément sera à sa juste place, celle voulue par l’artiste, avec la forme, la couleur, les nuances qu’il voudra vous transmettre.

Vous êtes maintenant dans ce même sous-bois mais avec votre appareil photo dernière génération et vous photographiez cet amoncellement de champignons, là sur cette vieille souche.

De retour à la maison, vous découvrez la photo sur l’écran de votre ordinateur et vous allez découvrir que tous les champignons sont représentés, tous les brins d’herbe, toutes les feuilles mortes, toutes les veines du bois mort, tout !

De fait, depuis même les débuts de la photographie, nous nous sommes habitués à cette « frange inconsciente », c.-à-d. l’enregistrement de tous les détails, indistinctement, qui serait une surinformation que nous maitrisons dans une vision globale.

La plupart des photographes captent en un instant ce qu’ils voient et synthétisent les formes pour la poser sur une surface en deux dimensions, qu’ils aient décidés de choisir un décor dans lequel inscrire ce qu’ils ont prévisualisé ou qu’ils aient cette capacité de composer, de gérer une prise du « vu » dans l’instant.

Mais là, en 2021, nous sommes face à des boitiers qui voient au delà de l’œil !

Les sensibilités s’expriment en centaine de milliers d’ISO et nous permettent de « voir » dans la nuit noire. Les capteurs de 61 millions de pixels vont non seulement enregistrer tous les champignons, tous les brins d’herbe, toutes les feuilles mortes, toutes les veines du bois mort, mais aussi la minuscule fourmi qui se promène dessus et qui était indiscernable au moment de la prise de vue.

Finalement, nous en venons à prendre en photo un monde que nous ne voyons pas !

Nous ne le découvrons que sur l’écran de notre ordinateur, en zoomant sur l’image, ou sur un tirage de grande dimension.

Réfléchissons y : les appareils modernes nous entrainent aujourd’hui au delà du visible, celui que l’humain maitrise depuis toujours .

Faut-il en avoir peur ou apprendre à faire des découvertes impromptues et s’en réjouir, je ne sais pas, mais j’ai encore en tête mon étonnement en découvrant les photos que j’avais faites dans une cathédrale fort sombre avec mon vieux Canon Eos 40D : je découvrais ce que les ombres m’avaient cachées et c’était étrange.

.

2 commentaires sur “La minute philosophique de l’Atelier de JP

  1. Et dans le même temps, les fabricants nous proposent des objectifs « soft-focus » (ex: Canon EF 135mm f/2.8) pour légèrement flouter les portraits. Car il faut bien avouer que l’ultra-haute définition n’est pas adaptée et souhaitable pour tous les sujets. En particulier le portrait et le nu. Voir nettement chaque pore de la peau, chaque poil et même bulbe de poil fraichement rasé, ce n’est pas très glamour ! 🙂
    Après, pour la macro-photo et autres, c’est une très bonne chose et je comprends que l’on soit bluffé, grisé par de telles performances.
    Pour les performances en basse lumière, c’est un vrai progrès pour tous les types de sujet, il est vrai.
    Joyeuses fêtes de fin d’année, Jean-Pascal.

    • Tu as raison, les progrès nous permettent de choisir en fonction de nos besoins, mais avouons que c’est troublant de découvrir des choses que nous ne voyons pas ! Mes meilleurs vœux à toi aussi Philippe, et à ceux que tu chéris.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal