Le Miranda TM

Je reviens sur cette marque au passé prestigieux et aux appareils étonnants.

Vous avez pu la découvrir avec la présentation du Miranda Sensomat faite il y a un moment déjà.

Ici, au détour d’une petite annonce sympa, j’ai pu acquérir un appareil plus tardif, le Miranda TM.

S’il y a quelque chose qui ne change pas avec ces boitiers, c’est la sensation de qualité des assemblages, de robustesse, celle des matériaux utilisés et des solutions originales proposées par ses concepteurs, issus, pour mémoire, du monde de l’aviation.

De beaux objets, vraiment, et qui proposent des options élégantes, même si le TM est considéré comme un » entrée de gamme ». On lui a retiré le retardateur, par exemple.

Visuellement, il est très proche du Sensomat et pour cause, produit de 1969 à 1974, il est basé sur le Miranda Sensomat RE.

Pour mémoire, une des particularités du Semsonat (et par extension du RE) était de proposer une monture originale : en effet, celle-ci était double !

Vous avez bien lu, une double monture ! En l’occurrence, la baïonnette Miranda et une monture filetée de 44mm, qui autorisait, grâce à la conception particulière du boitier, d’accepter, moyennant des adaptateurs, les montures en 42mm et même en 39mm. Cela permettait aux acquéreurs de l’appareil de garder, les cas échéant, leurs objectifs précédents.

Cependant, ici, la marque choisit de simplifier l’offre et propose une monture « universelle », la monture à vis en 42mm initiée par Praktica/Pentax. Finalement, l’objectif restait le même : permettre une large gamme d’optiques compatibles avec le Miranda TM (au fait TM = Thread Mount indiquait qu’il s’agit d’un objectif à vis et non à baïonnette).

Techniquement, le Sensomat TM propose une mesure de la lumière à travers l’objectif (TTL), en utilisant une cellule CdS placée derrière le miroir, découpé de quelques fentes pour donner un type de mesure pondérée vers le bas du miroir mais répartie sur (presque car 2/3) l’ensemble du miroir. Cette position donne une luminosité optimale sur le stigmomètre à microprismes, extrêmement précis.

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source : https://oldcamera.blog/2017/11/08/soligor-tm/

Les Miranda sont reconnus pour la fiabilité de leur cellule à l’agencement précis.

Il garde encore une autre spécificité du Miranda, à savoir le prisme que l’on peut ôter et qui est interchangeable. En actionnant le bouton sur la gauche de l’appareil (vous devez tourner d’un quart de tour anti-horaire pour dégager le prisme), vous pouvez libérer le pentaprisme (une belle pièce de verre de 120gr quand même) pour opter une visée à la Edixa, par au dessus. Dans ce cas, l’image est inversée, comme lorsque vous utilisez, par exemple, un Yashica D. Il y eut donc plusieurs viseurs proposés : viseur de poitrine pliant, viseurs verticaux à différents grossissements, viseur prisme avec cellule CDS (pour mesure TTL optionnelle sur modèles antérieurs).

Dans le viseur, l’indicateur de la cellule se fait en déplaçant une aiguille dans un cadre, sur la droite.

Les vitesses vont de 1s à 1/1000s, plus pause B. L’obturateur est à rideaux, très silencieux. Sans doute d’ailleurs un des obturateurs les plus silencieux équipant un reflex. Le miroir est aussi particulièrement bien discret, la fin de sa course est amortie par des pattes sur ressorts qui autorisent alors le déroulement des rideaux de l’obturateur.

La cellule, non couplée, est actionnée par un bouton, en bas à gauche de l’objectif. Sur le TM, ce bouton est toujours couplé au test de profondeur de champ habituel.

Le réglage du diaphragme à la cellule se fait en armant le boitier, ce qui allume la cellule (ce qui veut dire que si vous voulez économiser les piles, ne réarmez pas l’appareil en fin de prise de vues). À gauche de la monture d’objectif (à droite, en regardant l’objectif) vous verrez un gros bouton. Appuyez dessus pour fermer le diaphragme à iris de l’objectif, ce qui vous donne un aperçu de la profondeur de champ. Ce bouton actionne aussi le posemètre car celui-ci mesure la lumière réelle entrant dans la chambre. Le bouton fonctionne sur une bascule – une pression ferme le diaphragme ; une nouvelle pression ouvre à nouveau le diaphragme. Cela vous permet de continuer à composer votre photo après avoir réglé l’exposition. L’indicateur de la cellule est du type où vous centrez l’aiguille dans le viseur.

La sensibilité de la cellule plafonne à 1600 ASA (en commençant à 25) sur les premiers TM alors que les derniers montent jusqu’à 6400

C’est un beau boitier que vous trouverez aussi sous d’autres dénominations, notamment Soligor TM ou Pallas TM.

Et ce qui est particulier, c’est que, paradoxalement, j’ai presque trouvé plus d’infos sur le Soligor que sur le Miranda, alors que le premier ne faisait que re-badger le second. Ah, triste sort …

Outre ces dénominations différentes, il y eut deux version du TM. La seconde proposait une griffe flash, non couplée (dite froide) sur le prisme et perdait la fente originale placée sous le bouton de gauche qui autorisait l’accouplement avec des accessoires, dont … un flash. Mais il faut toujours une prise PC pour le flash. Il y a d’ailleurs deux connecteurs disponibles (FP et X) pour les flashs magnésiques et électroniques . La vitesse de synchronisation du flash pour le flash électronique est indiquée en rouge, entre 1/30 et 1/60 secondes, soit environ 1/45.

Ensuite, le verrouillage du dos, sur les premiers modèles est semblable au Sensomat RE, avec un loquet sur la tranche tandis que la seconde version passe à une ouverture par traction sur le levier de rembobinage.

Quelques autres interventions ont eu lieu en interne dont le passage à une pile de 1,5v (une SR ou LR 44) contre une ancienne au mercure de 1,35v (la planète vous dit merci).

Enfin, le TM a été remplacé par le TM II en 1975, moment où est sorti le Soligor et le Pallas.

L’exemplaire que je vous propose est un Miranda de la première heure, voyez le loquet sur la tranche pour ouvrir le dos..

Que vous dire de plus ? Ah oui, le Sensomat possédait encore une particularité, son double déclencheur : un en façade et un second sur le dessus de l’appareil, très discret dans lequel il fallait viser une tige spécifique. Le TM ne garde que le déclencheur sur le dessus.

Le compteur de vue se réinitialise sur S dès l’ouverture du dos. Les chiffres 24 et 36 sont en orange et il faut savoir que le compteur n’avance plus après la 36 vue même s’il est encore possible de faire des photos.

Sur la corolle de la molette de gauche (qui permet rappelez-vous de débloquer le prisme), il y a un mémo pour le type de film employé (couleur ou N/B) mais qui n’a aucune incidence pour le réglage de la cellule, qui se fait avec le barillet de droite, en le soulevant pour modifier la valeur des Asa.

Personnellement, je trouve que c’est un très bel appareil, au design soigné.

Une très belle alternative aux boitiers très (trop) connus de l’époque, tout en présentant les mêmes caractéristiques, en y ajoutant un soupçon de « classe », qui sort de l’ordinaire.

Et il offre la possibilité de monter une vaste gamme d’objectifs en monture M42.

Relativement rare, il peut toutefois se négocier, avec un objectif, à un prix avantageux. Il ne devrait pas dépasser les 50€ en excellent état.

Petite video d’illustration

Des données techniques :

  • Obturateur à plan focal horizontal, rideaux textiles, pause B 1s-1/1000s
  • Synchro flash 1/45s
  • Réglage semi automatique de l’exposition par coïncidence aiguille-repère
  • Cellule Cds TTL à pleine ouverture.
  • Viseur pentaprisme modifiable.
  • Batterie : SR44

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI

Quelques références : http://camera-wiki.org/wiki/Miranda_TM, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Miranda_TM, http://thecamerasite.lauro.fi/01_SLR_Cameras/Pages/mirandatm.htm, http://mirandageek.eu/about-miranda, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Miranda, https://oldcamera.blog/2017/11/08/soligor-tm/, http://camera-wiki.org/wiki/Soligor_TM en anglais, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-3992-Miranda_TM.html, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-11492-Soligor_TM.html, https://www.mes-appareils-photos.fr/Soligor%20TM.htm, http://www.app-phot-col.com/photcol/pdfr/T39/2194.pdf, http://www.suaudeau.eu/memo/collection/rfl35/Soligor_TM.html en français

12 commentaires sur “Le Miranda TM

    • re bonsoir Daniel, je vous dirais, « avec plaisir ». Je découvre autant que vous ces drôles de machines et c’est du plaisir à chaque boitier. Bien amicalement.

      • Aujourd’hui je viens d exhumer le retinette 1b de mon grand père et un plein carton de ses diapos. Cet appareil m a pris en photo le jour de ma naissance. Retardateur en panne, de l huile sur le diaphragme, bagues dures, lentilles poussiéreuses mais sinon il déclanche a toutes les vitesses, la cellule marche. C est cool !

        • Bonjour Daniel, ça c’est toujours émouvant, je comprends. J’ai trouvé un mode d’emploi pour cet appareil, au cas où : http://glangl1.free.fr/Notice/Kodak-Retinette_Ib.html. Ensuite, si vous fouillez un peu sur la Grande Toile, vous trouverez peut-être comment démonter et nettoyer ce Retinette 1b et, pourquoi pas, le remettre en route. Car si j’en crois ces images (https://www.lomography.com/cameras/3328634-kodak-retinette-1b/photos), il offre de belles prestations. Bon amusement et bien amicalement.

          • Merci j’avais trouvé le mode d’emploi. j’ai chargé une pellicule pour essai. réparer c’est démonter tout le bloc objectif+obturateur+ retardateur, nettoyer, graisser et surtout remonter ! Si je me lance ce sera d’abord sur autre boiter identique. Savez vous ou trouver les lubrifiants ad hoc ?

            • re bonjour Daniel, ça c’est plutôt une question pour Olivier, s’il veut bien y répondre, car je ne connais pas le marché en France et les produits ne sont pas (toujours) nommés identiquement en Belgique et chez vous. Bien à vous.

  1. J’ ai appris la photo sur le soligor tm de ma mère, à 13 ans. Un 50mm, une aiguille, un testeur de profondeur de champs et c est tout. Et la magie du tirage qui apparaît dans le bain. Pauvres débutants d aujourd’hui qui doivent apprendre au milieu des menus

    • Bonjour Daniel, eh oui, et la magie dans tout ça ? C’est vrai, elle disparait peu à peu. Pourtant il y a comme un sursaut, notamment chez les plus jeunes, qui ont envie de redécouvrir ces instants uniques, et qui refont le pas vers nos « vieux » machins. Bien cordialement.

      • De toutes façons toutes ces électroniques nous lâcheront un jour. Sur le soligor, c est la cellule qui avait rendu l âme, idem sur le minox. Pas réparable qu ils disaient. Idem avec les microscopes au boulot, rien de tel que les tout mécanique avec juste une ampoule a changer et des crémaillères a graisser. Les automatiques tombent tous en rade au bout de 15 ans et on ne trouve plus les pièces.

        • Bonjour Daniel, oui, les électroniques anciennes, pas encore au point (années ’70), puis celles de l’obsolescence programmée (années ’80), celles encore qui sont tellement complexes et si vite remplacées (années ’90 et de nos jours) qu’on peine à leur faire confiance. Soyons de bon comptes, les appareils modernes permettent des prises de vue inimaginables auparavant, mais le prix à payer est d’accepter qu’au bout de quelques années (une ou deux), voire quelques mois, ces boitiers sont déclarés inutilisables. Reste effectivement que le tout mécanique a fait ses preuves mais le stock de pièces s’épuise et sans renouveau, il finira un jour à l’autre à disparaître. Mais nous ne sommes pas pressés et presque 2 siècles de photographie « à l’ancienne » nous laisse présager de belles découvertes encore. Bien cordialement.

          • Savez vous s il est possible de trouver une alternative à la pile mercure ? Bien a vous

            • La plus connue est la WeinCell, pile zinc-air qui offre le même voltage. Elle est assez onéreuse mais ne nécessite pas de recalibrer la cellule (ce qui n’est pas toujours évident à faire) et elle se décharge un peu plus vite. Sinon, une bonne vieille LR44 dans un adaptateur,avec, éventuellement un petit bricolage électronique (mais là, je n’y connais rien) ou toute seule, auquel cas il faut vérifier avec une cellule à main s’il ne faut pas compenser un peu la sensibilité du film. Bien cordialement

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