Le Fujica Compact 35 : un compact argentique étonnant

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Préambule.
Voici le second appareil acheté dans la nuit de la Grande Réderie d’Amiens (avril 2025). Pourtant j’ai hésité car je ne pouvais pas vérifier la cellule, dans le noir, et parce qu’il était dans une grande caisse de comparses d’infortune.
Mais comme je n’ai pas écris beaucoup d’article sur ce type d’appareil dans la marque, je ne suis dit et pourquoi pas, faut juste bien négocier le prix. Ce que je fis. Voilà donc le second appareil dans le sac à dos.
Un peu d’histoire.
Si j’ai pas mal écris sur les reflex Fuji et les tous petits appareils au format 110, l’appareil qui me semble le plus proche par la forme de celui-ci est le Fujica Half, un étonnant demi-format des années soixante.
Mais commençons par le début …
Le nom de la société vient du mont Fuji, le plus haut mont du Japon ( 3776m), car l’entreprise a vu le jour, en 1934, à ses pieds
Fujifilm, dès le lancement de l’entreprise, produit du film tant pour le cinéma que pour la photographie, mais aussi des films spéciaux, comme pour la radiographie. C’est en 1948 qu’apparaissent les premiers films couleur, presque en même temps que se développent la fabrication d’objectifs et d’appareils photos, sous le nom de Fujica.
De nos jours, Imaging Solutions reste la partie la plus connue de l’entreprise. Elle produit toujours des films photographiques et du papier alors que ses grands concurrents historiques, Agfa et Kodak ont jeté l’éponge, parfois définitivement. S’y ajoute encore la production de livres photos et la technologie d’impression directe avec des bornes situées dans les magasins, ainsi que des appareils destinés au tirage professionnel dans les labos, en plus des scanneurs pro.
Voilà, rapidement, ce qui concerne les films, au sens large (car Fujifilm a aussi produit des films pour la vidéo privée 8mm, Single 8 et consorts) ainsi que des bandes magnétiques pour l’enregistrement (depuis 1950).
Une autre partie connue de ses activités, c’est celle de l’optique. Dès 1938 Fuji met en place une fonderie de verre optique à Odowara. La volonté de la marque était de produire des objectifs haut de gamme. Rien n’était trop beau pour y parvenir, comme l’utilisation de creuset en platine ! Fuji Photo Optical Co Ltd voit le jour en 1944 ; ainsi commence la production des Fujinon, aux qualités reconnues.
Par exemple, en monture Leica, Fujinon propose son premier objectif à monture vissante, le Cristar 50 mm ouvrant à f2 (1949), en même temps qu’un 35mm f3,5 et un Summitar 50mm ouvrant à f2. Puis, en 1954 il y aura le Fujinon Speed Trio avec le 35mm f2, le 50mm f1,2 et le 100mm f2. Le Fujinon 50mm f1,2 sera également construit en monture Nikon. C’est un excellent objectif, peut-être pas assez connu des amateurs.
Fujinon sera encore le précurseur pour le traitement des lentilles. Ils seront les premiers dans le domaine du revêtement par faisceau d’électrons (EBC). Cette méthode était la plus précise et la plus performante des techniques, aussi par les matériaux employés : Fujinon utilisait jusqu’à quatorze couches de revêtements contenant, notamment, de l’oxyde de zirconium et du fluorure de cérium.
L’EBC Fujinon 50mm f3,5 macro fut le premier objectif à bénéficier de ces traitements (1972). La légende dit que ces lentilles avaient une transmission de la lumière de 99,8% !
Enfin, en ce qui concerne les appareils photo, le premier Fujifilm sera le Fujica Six, un folding (pliant). Il sera produit de 1948 à 1953.

Dans les années soixante, Fujica lance deux appareils à visée télémétrique innovants : le Fujica 35-EE qui est le premier appareil au monde à proposer trois modes d’exposition (1961) puis le V2, un autre compact avec un objectif de 45mm qui propose une cellule au CdS couplée et capable d’offrir une vitesse maximale de 1/1000s (1964).

Toujours en 24×36 à visée télémétrique couplée, mais un peu plus tard (1998), Fujica lance le TX-1 à objectif interchangeable. Ça ne vous dit rien ? Et si j’écris XPan, c’est plus parlant ?
En effet, cet appareil est une collaboration entre Fujifilm et Hasselblad. C’est un appareil panoramique qui connu un grand succès, lui aussi, et qui sera suivi en 2003 d’un XT-2 (ou d’un XPan 2).

Suivront les années septante et la montée en puissance des reflex. Fujica présente alors le Fujica ST70, un reflex avec une monture vissante de 42mm, entièrement manuel et qui était équipé d’un lumineux Fujinon de 50mm ouvrant à f1,8. Ce sera un grand succès commercial, notamment parce qu’il était équipé d’une cellule couplée au silicium.

Pour en terminer avec les appareils fameux de la marque, il convient d’écrire un mot sur le moyen format. Dès la fin des années soixante et jusqu’au mitan des années septante, le Fujica G690 offrait un moyen format télémétrique à objectifs interchangeables. Fuji, qui a toujours été à l’écoute de ses clients, a créé cet appareil pour répondre aux besoins de photographes professionnels qui voulaient un appareil facile à utiliser, pas trop encombrant mais d’un format plus grand que le 24×36.
Le G690 (1968) est donc un 6x9cm qui ressemble à un Leica M3 mais avec un gros objectif.

Puis, plus tard, le Fuji GX 680 (1986 – 2010) sera un 6x6cm prévu surtout pour le studio, qui utilise soit le 120, soit le 220.
Toujours en collaboration avec Hasselblad, Fujifilm sort le GX645AF, un moyen format qui sortira aussi sous le nom de H1chez Hasselblad. Ils auront les mêmes accessoires et fonctions l’un et l’autre.
Quant à parler de collaborations, c’est avec Cosina cette fois que Fujifilm sort le GF670 (2008), un 6x6cm ou 6x7cm qui s’appelle encore Voigtländer Bessa 3. C’est d’ailleurs amusant de constater qu’il s’agit ici d’un appareil pliant, comme un certain … Fujica Six !

Fujifilm reste de nos jours dans la course, avec une gamme de télémétrique, de reflex et de moyens format numériques d’excellente réputation.
Présentation du Fujica Compact 35.
Ce petit compact date de 1967. Même s’il et considéré comme un petit automatique grand public, il est sérieusement construit et son aspect est qualitatif.



Tout d’abord, ce n’est pas un télémétrique. Vous réglez la distance avec les distances gravées sur le fût, en mètres ou en pieds. Mais dans le viseur, les distances sont reportées par quatre pictogrammes. Vous pouvez donc choisir les deux méthodes pour viser votre sujet au plus juste.

Et puisque nous en sommes à écrire sur le viseur, précisons encore qu’il est large, bien clair, collimaté pour le cadre, avec correction de la parallaxe et en sus, sur la gauche, vous verrez une échelle des ouvertures choisies par l’appareil lorsque vous êtes en position automatique.
Car ce petit appareil contient une cellule couplée, hélas au sélénium (celle de mon exemplaire fonctionne toujours) même si ce type de cellule vous dispense de piles. Si la luminosité est trop faible, elle interdit le déclenchement en position automatique. Il faut alors passer en manuel pour régler l’ouverture et la vitesse.
La cellule se règle grâce à un bouton à l’arrière de l’appareil.

L’obturateur est central, qui donnent des vitesses de 1/30s à 1/250s. Sa position centrale autorise la synchronisation du flash à toutes les vitesses. Le flash se pose sur la griffe dite froide et doit être raccordé avec une prise PC, en façade.
Donc, sur le fût de l’objectif, vous avez, au dessus, la bague pour les ouvertures, et en dessous, une petite fenêtre pour régler la vitesse, de la pose B aux vitesses citées plus haut, en passant par la position pour la synchro flash (en rouge).
Pour armer, c’est comme d’habitude, avec un petit levier en métal. Le déclencheur, fileté pour recevoir un câble, est doux et le déclenchement assez discret. Un petit appareil pour la street photo sans trop d’efforts.




Ne cherchez pas le compteur de vue au dessus, il est sur la semelle, dans une fenêtre en arc de cercle et il se réinitialise automatiquement à l’ouverture du dos. Celui-ci s’ouvre grâce à un verrou sur la tranche gauche de l’appareil. Monté sur charnière, il découvre la chambre.

La manivelle de rembobinage est elle sur le capot mais ne tirez donc pas dessus comme un forcené, ce n’est pas elle qui ouvre l’appareil. Le petit bouton de débrayage pour rembobiner le film est sur la semelle.
Encore un mot sur l’objectif, un beau Fujinon de 38mm ouvrant à f2,8 jusque f22. Comme je l’indiquais plus haut, les objectifs Fujinon ont bonne réputation en général.
Que penser de l’appareil ?
Franchement, je l’aime bien : il est mignon, assez compact même s’il ne rentre pas dans une poche mais plutôt un petit sac (j’ai d’ailleurs celui d’origine, en cuir) ou un petit sac photo.
Il est agréable à tenir en mains et facile à régler. Toutes les indications sont bien visibles, ce qui est rare pour ce type d’appareil. Enfin, il permet de travailler en manuel et en automatique, ce qui n’est pas courant non plus pour les petits compacts de cette époque.
Sans être vraiment rare, il n’est pas très courant et c’est tant mieux. Point de vue budget, compter au maximum 50€ pour un bel exemplaire complet et dont la cellule fonctionne toujours. Un bel investissement pour qui veut voyager léger et en bonne compagnie !
Vidéo d’illustration.
Grâce à Collection-appareils, voici le lien vers le mode d’emploi.
Des références.
http://camera-wiki.org/wiki/Fujica_Compact_35, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Fujica_Compact_35, https://kamerastore.com/products/fujica-compact-35, https://www.photo.net/forums/topic/319201-fujica-compact-35ever-use-one/, https://r-kobus.eu/fujica-compact-35-en/, en anglais ; https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-1636-Fujica_Compact%2035.html, https://parlonsargentique.com/fujica-compact-35-fiche-technique-avis/, https://fuji.ch/fr/story/fujifilm-heritage-une-retrospective-de-lhistoire-de-90-ans-de-fujifilm/, en français.
L'Atelier de JP 

