L’Olympus Mju – II

C’est presque en fin de brocante que je suis tombé, par hasard, sur ce petit Mju II. Il était bien caché dans un petit sac, et j’aurais dû me méfier car il était entr’ouvert, avec un film mal rembobiné dans la chambre.

Mais pour le prix que je l’ai enlevé, j’ai estimé pouvoir prendre le risque …

Car, disons-le tout se suite – et presque comme d’habitude – il est en panne.

Oh, c’est étrange, car il accepte un film, il le charge mais impossible de déclencher, quelque soit la condition de lumière !

Bref, et je pense l’avoir déjà écris, ces Mju sont très fragiles. J’en ai déjà acheté trois avec celui-ci et un seul a fonctionné.

Je comprends pourquoi tant de lecteurs se précipitent ces derniers jours sur l’article consacré au Fuji DL Super Mini, bien plus costaud.

Et pourtant, cette espèce de « savonnette » a un incroyable succès, vu les prix pratiqués !

Essayons d’y voir plus clair à son sujet …

Chez Olympus, et ils n’étaient pas à leur coup d’essai après les excellents Pen et Trip, ils avaient lancé le XA. Un minuscule télémétrique avec une optique de rêve, un Zuiko 35mm ouvrant à f2,8 (mise au point de 90cm à l’infini). C’est un priorité à l’ouverture qui, lorsque vous la réglez, établi la vitesse en fonction, de 10s à 1/500s.

Mais c’était encore un appareil des années quatre-vingt (de 1979 à 1985).

Et l’autofocus pointait son nez un peu partout. Alors Olympus a sorti le AF-1 en 1986. Il gardait l’excellent objectif du XA et introduisait donc le fameux autofocus. A l’époque, ce petit appareil était considéré comme le plus abouti de sa gamme. Je vous invite à relire l’article à son sujet.

Enfin, au seuil des années nonante, est apparu le µ-1 (Mju) premier du nom. Un autre petit appareil qui alliait la facilité d’utilisation initiée par le AF-1, une certaine qualité de fabrication et – mais ça c’est toujours éminemment subjectif – une sorte de beauté (on le compare à un galet ou … une savonnette).

On doit son design au célèbre Maitani Yoshihisa qui avait déjà commis les Pen et le XA, notamment.

Coup de maître d’Olympus, qui en vendit des millions. Facile, agréable à manier, que l’on pouvait glisser dans une poche de Jean’s, donnant d’excellents résultats, ce fut un vrai best-seller. Et il le reste, au vu des prix pratiqué à ce jour à son encontre.

Mais là aussi, il faut se rappeler qu’il est fragile : combien ne l’ont-ils pas « flingué » en essayant de retirer un film mal enroulé ou cassé à l’intérieur. Toute la mécanique est en plastique. Et je ne parle pas de son électronique qui est, disons le gentiment, un peu fantaisiste avec le temps.

Bref, en 1997, fort de ce succès, Olympus sort un µ-II (Mju II). Le boitier évolue un peu (et chacun aimera ou pas la nouvelle version, un peu plus « anguleuse »), il devient aussi encore plus compact que le premier et reste très léger (150gr tout nu).

Comment ont-ils pu encore réduire la taille de l’engin ?

Grâce à un tout nouveau système d’entrainement à moteur unique et un nouveau mécanisme d’entraînement par arbre.

« L’une des clés de la compacité du µ-II est une disposition qui intègre à la fois le moteur et le nouveau mécanisme d’entraînement de l’arbre dans la partie inférieure du boîtier de l’appareil photo. En donnant aux concepteurs une plus grande flexibilité, cette approche innovante a également ouvert la voie à la forme en coin et à l’équilibre stable.
Toutes les fonctions de base, y compris l’avance/rembobinage du film, l’extension/rétraction du barillet de l’objectif de mise au point et l’ouverture/fermeture de l’obturateur, sont gérées par un seul moteur et piston. Développé spécialement pour le µ-II, le nouveau moteur compact est situé dans le sens de la longueur sous la barrière de l’objectif dans l’espace rendu disponible par l’utilisation d’un mécanisme d’entraînement par arbre au lieu des engrenages et de l’entraînement par courroie habituels. Bien que cette innovation contribue aux dimensions plus petites du corps, elle nécessite également un traitement avec des tolérances exceptionnellement fines. »

Source : Olympus global, au dessus le Mju 1 avec ses engrenages et en dessous le Mju 2 avec son arbre de transmission.

Ensuite, il gagne un objectif rapide, ouvrant à f2,8 contre f3,5 pour son aîné.

Puis, cerise sur le boitier, il devient « all weather », c-à-d. résistant aux éclaboussures, à la poussière, au sable grâce à des joints en caoutchouc disséminés un peu partout.

Attention toutefois, ces joints peuvent être un piège : il n’est pas possible de les changer s’ils vieillissent mal, ce qui peut occasionner des fuites de lumière rédhibitoires.

Mais commençons par présenter le boitier.

Devant, un clapet qui coulisse et découvre l’objectif et le viseur. Il sert aussi d’interrupteur pour mettre l’appareil en batterie.

Vu de dos, clapet ouvert, on voit le viseur, clair et spacieux vu la taille de l’engin et aussi un petit écran LCD, au dessus de deux minuscules boutons (pour les fonctions flash et retardateur).

Sur la tranche gauche, un autre petit bouton pressoir permet de déverrouiller le dos.

Au dessus, un seul bouton, le déclencheur que, personnellement, je ne « sens » pas sous l’index.

Que reste t-il à découvrir ? La trappe à pile (une CR123 de 3v), sur la droite et en dessous un pas de vis pour le fixer sur un trépied.

Alors, je vous ai écrit qu’il était facile d’utilisation, la preuve : vous l’ouvrez, glissez dedans un film avec codage DX, que l’appareil lit pour régler la cellule. Vous accrochez l’amorce dans la bobine réceptrice et vous refermez. Le boitier se charge d’amener la pellicule à la première vue.

Pour le piloter, de fait, il n’ y a que deux boutons : un pour régler le retardateur et le second pour gérer le flash. Attention, le flash est toujours en mode auto à l’ouverture de l’appareil. Si vous voulez le désactiver, il faut appuyer deux fois sur le bouton.

Et puis il y a le viseur, dit à « à image réelle » avec un grossissement de 0,45, qui aide grandement à la composition. Au milieu, une mire indique le point d’autofocus. Ensuite, sur le côté droit, deux petits voyants : le vert indique que l’autofocus a bien accroché le sujet et l’orange indique si le flash sera utilisé ou pas.

Un mot d’ailleurs sur ce flash, qui est à « équilibrage automatique des couleurs ». Grâce à lui, vos photos prises sous lumière fluo ou une quelconque autre lumière artificielle seront bien équilibrées. Son déclenchement, automatique vous garanti des couleurs claires et réalistes

De fait, il y a six modes différents pour ce flash intelligent à puissance variable :

  • Automatique : dans des situations de faible éclairage et de contre-jour, le flash se déclenche automatiquement pour s’assurer que l’éclairage est approprié.
  • Atténuation automatique des yeux rouges : l’effet yeux rouges – un problème courant avec les portraits au flash – est réduit par une série de pré-éclairs émis avant le déclenchement du flash principal.
  • Fill-in : idéal pour les situations à contraste élevé,comme les contre-jours. Le flash se déclenche toujours dans ce mode, éliminant les ombres causées par la forte lumière du soleil.
  • Flash désactivé : à utiliser lorsque la photographie au flash est interdite. Il est également idéal pour capturer une ambiance naturelle.
  • Scène de nuit : l’intensité du flash est déterminée par le premier plan, tandis que la durée de l’exposition est réglée en fonction de l’arrière-plan. Ralentissant la vitesse d’obturation jusqu’à 4 secondes, ce mode capture à la fois le sujet au premier plan et le paysage nocturne.
  • Scène de nuit avec atténuation des yeux rouges : ce mode réduit encore une fois l’effet des « yeux de lapin effrayé » sur les photos prises en mode Scène de nuit. Ce mode est identique au précédant mais sans les pré-éclairs.

Le flash est remarquablement équilibré et son utilisation évite généralement la surexposition.

Reste l’autofocus, à infrarouge, et la gestion de l’exposition est automatique. C’est un « point and shot » à focale fixe dotée de l’autofocus, généralement apprécié pour sa précision et sa capacité à se dépêtrer dans les situations plus complexes.

Au niveau production, il sera disponible en noir ou argent et plus de 3.800.000 millions d’exemplaires seront vendus. Une série limitée sera produite encore en 1998 pour fêter les 10 millions de Mju vendus. Se seront 65.0000 exemplaires exclusivement en fuchsia/bordeaux. Notons encore que quelques versions ont existé en QD, c.-à-d. avec un dos dateur (quartz date imprinting).

Que l’on ne vienne pas me dire qu’ils sont dès lors rares ! A moins bien sûr (je sais, là je suis vache) de ne plus compter que les quelques uns qui fonctionnent encore !

En résumé, pour l’époque, un petit bijou d’ingénierie qui a su capter la faveur d’un large public de par sa simplicité d’utilisation, son aspect agréable et la qualité des photos produites.

Pour vous convaincre de ses qualités, quelques exemples de photos ICI.

Que faire si vous en trouvez un (à un prix décent s’entend) ?

Munissez-vous d’un film test et d’une pile CR123 pour l’essayer. Il doit charger le film et vous devez pouvoir déclencher, avec et sans éclairs de flash. Si vous êtes satisfait, sachez qu’il existe un minuscule petit bouton (à côté des deux boutons du retardateur et du flash) pour activer le rembobinage automatique si vous ne déclenchez pas la totalité de votre film test.

Personnellement, je trouve exagéré les quelques 150 voire 200€ que certains réclament pour vendre leur appareils. A vous de voir.

Disons que pour un encombrement encore moindre et des résultats encore meilleurs, je préfère toujours le Ricoh R1.

Dernière petite revenue de mon exemplaire :

Pubs d’époque

Source : Collection-appareils, Camara Juillet 1998
Source : Collection-appareils, Camara juin 2001

Petites videos d’illustration

Des références : https://gregorymignard.com/olympus-mju-ii/, https://benber.fr/presentation-olympus-mju-2/, https://www.filmisundead.com/test-avis-olympus-mju-ii/, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=692, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-251.html, https://jeremyjanin.com/un-ete-avec-olympus-mju-ii/, https://www.lomography.fr/magazine/326628-lomopedia-olympus-mju-appareil-argentique-photo en français; https://www.olympus-global.com/en/news/1997a/nr970218mju2e.html, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Olympus_mju_II, http://camera-wiki.org/wiki/Olympus_mju_II, https://kosmofoto.com/2019/06/olympus-mju-ii-review/, https://web.archive.org/web/20071210162108/http://www.olympus-global.com/en/corc/history/camera/popup/m_mju2.cfm?message=1 en anglais

8 commentaires sur “L’Olympus Mju – II

  1. Je n’avais pas en tête les Pentax mais bien les Olympus, que ce soient les séries à 1 chiffre (OM1, 2,…) ou à 2 chiffres (OM10, 20,…).

    • Ah, c’est vrai que c’est une marque que je n’ai pas encore approchée en reflex… je sais donc que je devrai être attentif à ça. Merci de le souligner Nic. Mes amitiés.

  2. J’en ai eu un que j’ai beaucoup utilisé sans aucun problème.
    Merci pour cette séquence nostalgie, JP ! 😉
    Bonne soirée à toi.

    • Et c’est bien parce que tu l’as utilisé longtemps que celui qui le rachète aujourd’hui risque de ne plus pouvoir s’en servir ! Blague à part, si ces petits appareils ont rendu d’immenses services, leur construction les rendait, à terme, susceptible de panne. Et c’est là quelque chose de « naturel » vu l’âge respectable de certaines de nos vieux boitiers. Ce qui m’agace, c’est le prix surfait que certains demandent pour des engins qui risquent, plus que d’autres, de claquer rapidement.
      Ceci étant, je suis toujours content de te refaire découvrir des appareils qui t’ont accompagné dans ton parcours photographique. Mes amitiés.

  3. Bonne revue mais il en ressort que c’est un nid à emmerdes comme beaucoup de ce genre d’appareils. Pour 10 Euros, pourquoi pas mais au-dela, niet! Qui de nos jours va perdre son temps à reparer ce bazar en plastique? Quant à Monsieur Maitani, c’était surement un bon ingénieur mais les appareils Olympus ne sont pas en géneral d’une fiabilité absolue, loin de là.

    • Bonsoir Nic, tu as raison, en tout cas pour le Mju. Quant à Monsieur Maitani, quand on lit un peu les contraintes qui étaient les siennes, il a fait ce qu’il a pu avec les sous qu’on lui allouait, t il ne s’en est pas trop mal tiré. Reste que de toute manière, des appareils de plus de 20 ans, qui plus est tout plastique, auront toujours à un moment ou l’autre une défaillance fatale. Bien à toi.

      • En parlant de fiabilité, je n’avais pas en tête les compacts en particulier mais bien plutôt les boitiers reflex, ce qui est plus ennuyeux au regard de l’image de la firme qu’ils sont sensés renvoyer.

        • C’est vrai que certains boitiers ont la fâcheuse tendance à coller leur miroir. Je songe au ME, au ME Super et même au LX. Ils sont toujours réparables mais le coût des réparations devient difficile à défendre eu égard à la valeur intrinsèque du boitier. Je veux bien le faire pour un LX, pas pour un ME. Honnêtement, je ne sais pas si ces appareils avaient des soucis au temps de leur jeunesse mais certaines marques vieillissent mieux que d’autre. Bien à toi Nicolas.

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